Le groupe Science et technologie des LNC comprend des équipes de chercheurs dévoués qui jouent un rôle important dans l’étude du devenir et du transport des matières radioactives naturelles dans différents environnements canadiens, y compris les régions associées à l’exploitation des mines d’uranium. Ce groupe fait partie des projets que les LNC exécutent en vue de réaliser le plan de travail fédéral sur les activités de science et technologie nucléaires de la société Énergie atomique du Canada limitée.
Plus récemment, une équipe de recherche s’est consacrée à la compréhension du comportement environnemental du polonium-210 (Po-210) et du plomb-210 (Pb-210). Il s’agit de radioisotopes naturels associés à la chaîne de désintégration de l’uranium-238 qui existe à de très faibles niveaux dans l’environnement naturel, y compris les réseaux trophiques marins. Les niveaux peuvent être élevés dans le minerai et les résidus d’uranium que produisent les opérations d’extraction et de broyage d’uranium. Au cours de l’été 2022, une équipe de chercheurs des LNC s’est rendue dans le nord de la Saskatchewan pour mener une campagne d’échantillonnage à grande échelle visant à comprendre le devenir, le transport et l’absorption biologique de Po-210 et de Pb-210 dans les régions de la Saskatchewan qui sont riches en uranium, y compris les zones explorées susceptibles de devenir des sites miniers. Ils ont réalisé ce travail dans le cadre d’un partenariat étroit avec la Première Nation Déné de Clearwater River.
« La campagne d’échantillonnage de ce projet s’est étendue sur 13 systèmes aquatiques situés dans le territoire dénésuliné visé par le Traité 8, ainsi que sur deux systèmes aquatiques au sud de la région », a déclaré Matt Bond, biologiste environnemental, LNC. « Étant donné que les travaux se déroulaient sur leur territoire, nous avons établi un partenariat avec la Première Nation Déné de Clearwater, ce qui nous a donné l’occasion non seulement de travailler dans leur communauté et sur leur territoire traditionnel, mais aussi d’en apprendre davantage sur les connaissances traditionnelles et sur la façon dont elles peuvent enrichir la recherche sur le terrain. »
La collaboration des LNC avec la Première Nation Déné de Clearwater River a été facilitée par Dënë Cheecham-Uhrich, chercheuse en action climatique et représentante de la communauté, qui a encouragé l’équipe de recherche à impliquer la communauté dans le travail et à favoriser la compréhension du projet. Les commentaires de la communauté ont mené à la préparation d’un plan d’échantillonnage, et des systèmes de lacs ont été choisis en partie selon leur valeur traditionnelle. Au-delà de l’engagement de la communauté, le partenariat a consisté à travailler avec les enseignants et quatre étudiants (âgés de 13 à 15 ans) de l’école locale Clearwater River Dene School, pour appuyer la campagne d’échantillonnage d’une semaine.
« Travailler avec les étudiants et le personnel a permis d’ancrer cette recherche au sein de la communauté; un lien qui n’est pas toujours établi dans le cadre de la recherche sur le terrain », déclare M. Bond. « Pour notre équipe, la collaboration a également apporté une nouvelle énergie à des tâches qui deviennent parfois répétitives. C’était vraiment agréable de voir l’enthousiasme des étudiants envers l’échantillonnage. Les chercheurs des LNC ont certainement apprécié l’apprentissage qu’a produit l’interaction avec la communauté. »
Sur le terrain, les étudiants ont pris des notes sur leur environnement, comme les types de végétation primaire, la géologie, l’habitat des animaux et la coloration de l’eau. Ils ont également effectué des tests de base, comme la détermination du pH et de la conductivité des échantillons d’eau. Des échantillons ont également été prélevés, notamment de l’eau de surface, de l’eau souterraine, des sédiments, des invertébrés et des poissons-proies, et ramenés aux Laboratoires de Chalk River des LNC pour effectuer des analyses diverses.
Vers la fin de la semaine, le groupe a organisé une séance de « démonstration communautaire » au cours de laquelle de l’équipement d’échantillonnage a été installé sur le lac La Loche pour démontrer les techniques d’échantillonnage, répondre aux questions et permettre à la communauté de participer au processus de collecte des échantillons. « Rendus à la fin de la semaine, les étudiants étaient devenus des experts en matière d’équipement d’échantillonnage et de son utilisation, de sorte qu’ils étaient enthousiastes à l’idée de partager leurs expériences avec leurs amis, leur famille et les membres de la communauté », a déclaré Stephanie Walsh, directrice de la recherche et du développement, LNC. « Travailler avec une communauté qui est pleinement investie dans cette recherche et qui a un lien puissant et significatif avec la terre fut une expérience vraiment enrichissante pour nous. »
De Paul Haynes, enseignant à l’école Clearwater River Dene School :
« En tant qu’enseignant dans la région nord, j’ai vécu de merveilleuses expériences d’apprentissage en plein air avec les élèves. Je dois avouer qu’en observant les élèves s’engager avec Matt et Steph sur le terrain, j’ai commencé à réaliser à quel point l’expérience qui les unissait était véritablement spéciale. Les étudiants ont acquis une expérience de travail pratique et des connaissances scientifiques sur les terres et les eaux de la région visée par leur traité. Ils ont appris à apprécier l’importance de fusionner les connaissances “traditionnelles” et “occidentales”. Mais surtout, ils ont développé une relation particulièrement significative avec Matt et Steph que j’ai du mal à décrire. Ce que je sais c’est que, plus tard au cours de l’été, les étudiants ont exprimé à quel point Matt et Steph leur manquaient… ces sentiments disent tout. »
Dënë Cheecham-Uhrich, représentante de la Première Nation Déné de Clearwater River, a dit :
« Nous, les Dénésųłinés, vivons avec notre terre inhérente depuis 12 000 ans et la chasse, le piégeage et la cueillette nous sont nécessaires pour se nourrir et soutenir l’économie locale, en plus de servir de base d’appartenance à notre culture dénée et notre identité sociale. Parmi les préoccupations que notre communauté doit affronter, nous comptons les changements dans l’abondance et la disponibilité de nos sources d’aliments traditionnels, sains et essentiels, la réduction perçue des prévisions météorologiques, la montée et la baisse radicales des niveaux d’eau et la sécurité des déplacements dans les conditions météorologiques changeantes de notre climat froid sans l’installation des infrastructures nécessaires. Ces préoccupations constituent de sérieux défis pour notre santé et notre bien-être. La collaboration avec les LNC et l’expérience de travail cohésif avec Matt et Steph montrent clairement que pour aider à relever les défis de notre communauté, il est indispensable de réunir notre science indigène locale et les sciences interdisciplinaires. Grâce à cette occasion, nos jeunes étudiants ont découvert des approches nouvelles et innovantes pour explorer et naviguer différents trajets vers les connaissances. Ils ont été motivés à jumeler les expériences qu’ils ont vécues à des carrières qui renforcent les services et les fonctions des écosystèmes de notre nation. Elle les a aidés à trouver leur voix, le sentiment d’avoir un but, le sens de la responsabilisation et la confiance en soi. Nous sommes fiers et reconnaissants que les LNC fassent partie de notre parenté de recherche et enthousiastes à l’idée de continuer à pratiquer des systèmes scientifiques appropriés sur le plan culturel, éthiques et égaux. »
Les données générées par les analyses seront fournies à la communauté dénée de Clearwater River, et les publications et rapports finaux seront traduits en déné afin que les aînés et tous les membres de la communauté puissent comprendre la science qui sous-tend le travail. Ces travaux ont également été rendus possibles grâce à une collaboration avec le Laboratoire des traceurs et des contaminants environnementaux de l’Université d’Ottawa. Plus précisément, une équipe qui a également et récemment mené des recherches dans la même région a fourni des informations précieuses sur la campagne.
Songeant à l’été 2023, les chercheurs des LNC comptent retourner dans la région pour effectuer d’autres prélèvements, et mettront l’accent sur la collecte d’échantillons de plancton et de la partie supérieure du réseau trophique (c’est-à-dire les poissons prédateurs supérieurs). En collaboration avec la société Ya’ Thi Néné Lands and Resources, qui représente les intérêts autochtones, les LNC sont également en discussion avec différentes communautés autochtones dans le nord-est du bassin d’Athabasca en Saskatchewan. Ces discussions ont lieu dans l’espoir de collaborer dans l’échantillonnage d’une autre région de la Saskatchewan où l’on exploite activement les mines d’uranium, afin de mieux comprendre l’avenir et le transport du Po-210 et du Pb-210 dans des écosystèmes aquatiques dont la géologie, l’étendue terrestre et l’utilisation des terres varient.